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Quand la science rencontre le yoga et que le yoga rencontre la science

Par Dr M.V. Bhole – 2011

Introduction
Les bases de données internationales de psychologie et de médecine contiennent des références sur le yoga et la méditation. En dehors de ces dernières, nous avons les références suivantes […]

Les obstacles préliminaires

Quand la science rencontre le yoga
Le langage et les techniques de yoga apparaissent comme très abstraites et mystiques. Comment les rendre propres à l’expérimentation scientifique dans des conditions de laboratoires ?
Quel est l’objectif du yoga et comment vérifier que cet objectif est atteint à travers les techniques pratiquées par les personnes ?
Quelles sont les significations de termes tels que maha prâna, les 5 prânas, les 10 vayus, les 5 bhutas, les 6 chakras, la kundalini, Chitta, asanas, pranayamas, etc.

  • Quand le yoga rencontre la science

Si les résultats recherchés par le yoga sont par nature extrêmement subjectifs, comment peut-on en faire la démonstration ou les montrer de manière objective à l’extérieure du corps ?

Si les expériences du yoga n’engagent pas les facultés sensori-moteur, comme les présenter dans une structure et des modalités de facultés sensori-moteurs.

Si les expériences de yoga sont reliées à la conscience, comment les montrer dans un laboratoire animal ou sur un corps inconscient ou sans vie ?

  • Quand le yoga et la science se rencontrent avec un esprit de coopération

Les approches de la science médicale et du yoga peuvent bien être différentes, pourtant les deux systèmes travaillent dans l’intérêt des êtres humains. Aussi, tôt ou tard, une fructueuse communication peut s’établir entre les deux.

La science médical part de l’étude du corps sans vie, et va vers les fonctions de l’esprit.
Le langage médical lié aux structures anatomiques est objectif par nature.

Le yoga part de la conscience indifférenciée et va jusqu’à la conscience différenciée individualisée des êtres humains. Les termes, les concepts et le langage sont liés à la conscience.

Lorsque la science médicale a commencé à reconnaitre la conscience humaine, son intérêt pour les disciplines du yoga a augmenté et les interactions entre les deux ont donné de bons résultats, particulièrement dans le domaine des traitements psychosomatiques et des maladies dues au stress.

Pour une compréhension réciproque, des modifications propices sont à faire dans les approches des deux systèmes, une fois réalisée la nature objective de la science médicale et la nature subjective du yoga.

On ne peut étudier les techniques de yoga « en double aveugle » comme procède la recherche médicale. Mais par ailleurs, on peut suivre la piste de l’étude en double regard dans le cadre suivant :
– Le sujet doit être capable d’expliquer au chercheur ce qu’il fait et ce qu’il expérimente au niveau du corps et de l’esprit car ceci n’est pas observable de l’extérieur.
– Le chercheur doit être particulièrement attentif à ces actions et à leur déroulement de manière à les formuler et à mettre au point un cadre expérimental et une approche pour l’étude des techniques et des états de conscience.

  • Quelques aspects de pranayama à la lumière des sciences médicales modernes

I – Compréhension médicale de la respiration absente dans la littérature du yoga
Le muscle du diaphragme est la cause principale responsable de la respiration spontanée naturelle.
Le centre nerveux responsable de la respiration spontanée est situé dans le bulbe rachidien.
Le système respiratoire est responsable des échanges gazeux : détoxication, régulation de la température du corps, PH sanguin et équilibre hydrique.
Les muscles de la nuque et de la partie supérieure de la poitrine sont des muscles accessoires de l’inspiration.
Les muscles du bas de l’abdomen et du périnée sont des muscles accessoires de l’expiration.

II – Compréhension yogique de la respiration absente dans la littérature médicale.
Svasana est l’un des indicateurs majeurs de vie.
Il existe des canaux de « vayu » et de « prâna  » qui peuvent être bloqués et peuvent agir de manière contraire sur la respiration.
Il existe 10 sortes de vayu dont prâna vayu et apana vayu avec lesquels on travaille les pranayamas tandis que les autres vayus doivent être entretenus afin qu’ils ne créent pas de perturbations.
Ces vayus sont quelquefois viciés, il est nécessaire de les corriger et de les purifier.
En situation idéale, on doit pouvoir faire l’expérience de la respiration jusqu’à la pointe des cheveux et des ongles.
On doit pouvoir faire l’expérience que la cavité du corps se remplit de « puraka » durant l’inspiration (svasa) et se vide de « rechaka » durant l’expiration (prasvasa).
A travers la respiration, on approche du travail de l’énergie de kundalini et des lotus ou chakras.

  • Notions à modifiées associées à pranayama :

Svasa-Prasvasa, Puraka-Rechaka : c’est aspirer et rejeter de l’air comme dans l’inspiration et l’expiration…
L’air physique ou le prâna universel est la cause responsable de la respiration…
On inhale du prâna universel durant la respiration pranayamique…
Prâna,  c’est l’oxygène et apana c’est le dioxide de carbone, de la même manière prâna c’est des ions négatifs et apana des ions positifs…
Dès qu’on commence à respirer en alternant les narines, on pratique nadi shuddhi pranayama…

  • Comprendre pranayama à la lumière de la science médicale moderne

L’accent doit être sur l’expérience de première main sans impliquer les organes sensory-moteur.
On travaille avec les sensations proprioceptives, visceroceptives et vestibulaires qui émergent de l’intérieur du corps.
Cela procure des informations, la connaissance et l’expérience du soi intérieur (sujet) et pas d’un objet sensoriel extérieur au corps (indriyas vishayas).

On doit comprendre ceci :
Les mouvements du corps c’est-à-dire l’activité musculaire est primaire quand les mouvements de l’air est secondaire.
L’activité musculaire prend place à cause d’impulsions nerveuses émises par les centres du cerveau. Ces impulsions nerveuses sont appelées « énergie neurale »
On peut voir cette énergie neurale comme le prâna individuel en comparaison au prâna universel.
L’activité neuromusculaire pourrait être comprise comme vayu et pourrait être différenciée en 10 vayus.

  • Il existe 3 manières de travailler avec sa respiration :

– Activité des muscles respiratoires
– Mouvement de l’air
– Sensations internes dues aux changements de pression dans les cavités du corps.

Diverses zones du corps peuvent être étudiées et examinées en présence d’une absence d’activité neuromusculaire de manière systématique.
Ces zones peuvent être reliées avec les concepts des différents lotus et des canaux de vayus. On peut déceler s’ils sont bloqués, ouverts ou fermés.
En fonction, on procède à l’ouverture dans les zones bloquées en prenant des positions corporelles très simples ou des postures asanas, dans lesquelles certains muscles sont maintenus étirés quelques instants.
Les mouvements respiratoires doivent être expérimentés dans les zones étirées durant 10 ou 15 respirations, en même temps qu’un sentiment de lâcher prise. Let go feeling (prayatna shaithilya)
Quand les mouvements respiratoires commence à prendre place dans les zones sans douleurs ni tension, alors on les intensifie par un effort volontaire dans les 2 directions.

  • Ainsi, le pranayama peut être compréhensible en langage médical moderne

Si les mouvements ont lieu dans de mauvaises directions alors la direction doit être corrigée, cette procédure peut être comprise comme vayu shuddhi.
Suite au travail des mouvements respiratoires, on peut travailler les mouvements de l’air en jeu dans la respiration. Cette pratique nous amène à kumbhaka pranayamas du hatha yoga où l’on est guidé par le touché de l’air dont on fait l’expérience à l’intérieur du corps et qui tente de trouver un chemin adapté à ça durant l’expiration et l’inspiration.
On est invité à travailler avec différentes facultés sensorielles sans utiliser chacune de leur modalité. L’air est employé comme stimulus non spécifique qui active les aires du cerveau.
Par exemple on travaille avec le sens du goût et de l’olfaction durant shitali et siktari kumbhakabhakha pranayama, avec les sens olfactif et de la voix durant ujjayi, avec les sens visuel et olfactif durant bhastrika et avec les sens vibratoires et auditif avec brahmari.
Cela aide à développer les différentes aires du cerveau dans la boite crânienne.

  • Explications en langage physiologique

Le diaphragme divise le tronc en deux cavités : la cavité thoracique et la cavité abdominale
Dans les conditions normales, la cavité abdominale reste close pendant que la cavité thoracique reste ouverte en permanence. Durant l’inspiration, le diaphragme se contracte et descend, augmentant ainsi la pression intra-abdominale et diminuant la pression intra-thoracique.
Si les muscles des parois de l’abdomen et la colonne vertébrale sont relaxées suffisamment, la pression intra abdominale commence à se manifester partout uniformément et on fait l’expérience d’une sorte d’expansion de la paroi abdominale dans toutes les directions.
Progressivement, on commence à faire l’expérience de l’émergence de sensation interne dans les différentes zones du corps jusqu’aux cheveux, sur la peau et jusqu’aux ongles. Ça c’est l’état idéal de l’activité prânique intérieur au corps.
Sur ces fondements, on commence à travailler avec différents kumbhaka prânâyâma, mudras et bandhas.


Lire l’article en anglais

A-Seche

Yoga thérapie

Article du Dr Bhole 25/07/11

Introduction
I. 1 ) Qu’est ce que la yoga thérapie ?
La yoga thérapie aide l’individu à établir le contact, l’union avec le soi.

. 2) Comment établit-on l’union avec le soi ?
Le contact avec le soi peut s’établir à travers son corps, sa respiration, ses émotions, ses états sentimentaux, ses pensées et comportements.

. 3) Ne sommes-nous pas déjà en contact avec ces éléments au quotidien ?
Oui, et ceci quelque soit notre contact/union avec le monde extérieur ou avec l’intérieur du corps. Le processus d’union permet de décharger les effets de nos obligations et responsabilités dans la vie professionnelle, familiale et sociale, et dans nos loisirs. Sinon, on développe des troubles fonctionnels aux différents niveaux de l’existence provoqués par l’expérience du stress, de tensions, des troubles, d’inquiétude, de frustration, de dépressions etc. qui rendent l’individu davantage vulnérable aux infections et aux troubles organiques.

Comment travaille-t-on en Yoga thérapie ?

II. 1) Travailler avec le soi au niveau du corps
    a – faire l’expérience des différentes parties du corps au repos
Pratique : shavasana, expérience et explication

b – apprendre à relâcher les tensions (superficielles et profondément installées) à travers des positions corporelles simples évoluant vers la posture.
Dans notre activité quotidienne, divers groupes de muscles sont mobilisés pour diverses motivations et pensées, décisions et ambitions. Ils tendent à développer des tensions, spasmes, tremblements, rigidités s’ils ne sont pas détendus de manière efficace.
c – En yoga, on étire différents muscles à travers des positions corporelles simples menant à la « posture » (asana) tandis que les groupes de muscles opposés sont maintenus dans un état de relaxation relative.
Pratique : travail avec les muscles de la jambe (partie passive) avec l’aide des muscles des bras (partie active). Pratique, expérience, feed back.

d – Prendre le rôle de spectateur (drashta). On apprend là à prendre le rôle d’observateur, d’expérimentateur/spectateur des événements qui se déroulent dans les muscles de la jambe (partie passive).
e – travail dans d’autres parties du corps : colonne vertébrale, bras, jambes, cou, etc. dans la position allongée, debout, assise.
f – explication sur le tonus musculaire comme état non perturbé de soi au niveau du corps.

II. 2) Travailler avec le soi au niveau de la respiration
1. a – faire l’expérience de sa respiration
b – quelle est votre expérience de la respiration, à travers les mouvements de l’air et les mouvements du corps ?
c – relations entre les mouvements de l’air et les mouvements du corps

2. a – faire l’expérience des mouvements de la respiration dans les différents espaces du tronc (de 8 à 20 espaces distincts)
b – comprendre les modalités des mouvements respiratoires

3. a – influencer/agir sur les mouvements respiratoires à travers des positions corporelles simples évoluant vers la posture en relation avec les segments horizontaux et les plans verticaux du corps.

4. a) comprendre la nature des mouvements respiratoires volontaires
– durant une longue inspiration volontaire
– durant une longue expiration volontairE
b – réaliser la nécessité et l’importance de corriger les mouvements respiratoires volontaires s’ils sont erronés
c – faire l’expérience du corps comme cavité en relation avec la respiration avec son remplissage et vidage
d – faire l’expérience des mouvements respiratoires et du remplissage/vidage de l’espace du corps dans différentes positions allongées
e – explication, si nécessaire, sur l’importance thérapeutique de travailler avec les mouvements respiratoire.

II. 3 ) Travailler avec le soi à travers les mouvements de l’air liés à la respiration
1. a – faire l’expérience du touché de l’air sur la lèvre supérieure et à l’intérieur des narines
b – se laisser guider par le touché de l’air qui nous mène vers la perception basse de l’air

2. a – se servir des différentes aires du corps pour faire l’expérience du touché de l’air et des directions de son flux : bouche, glotte, chaque narine, l’aire olfactive, etc.
b – faire une expiration active suivie d’une inspiration passive menant à kapalabhati
c – faire une inspiration active suivie d’une expiration passive
d – travailler avec les mouvements respiratoires sans mouvements de l’air (agnisara, uddiyana)
3. a – explications sur l’importance de travailler avec les mouvements de l’air, stimulation des aires du cerveau en relation avec les différentes activités sensori-moteur.

II. 4) Travailler avec le soi à travers ses émotions, ses souvenirs, ses pensées et comportement
1. a – Dans la posture Shavasana, collectez les souvenirs, les émotions et les états d’esprit/sentiments liés à certaines parties du corps (chez soi, comme chez les autres) et s’en faire le témoin comme si on regardait un film, mais sans s’impliquer ni s’identifier avec ce qui émerge du subconscient.
b – comprendre la nécessité et l’importance de ré-éditer les dialogues du film alors que les images ne peuvent pas être refaite.
c – revenir au corps et à la conscience de la respiration, les corriger s’ils sont perturbés.

2. a – travailler avec ses pensées, décisions et exécutions à travers différents parties du corps.
b – Comprendre son comportement général au quotidien (négatif et positif) besoin de donner un sens à sa vie et à son combat pour la vie

II. 5) Concept de shanti à un niveau expérimentiel
Pratique : en shavasana ou en assise, de la récitation à l’expérience au niveau physique, respiratoire, mental et comportemental.

III. Portée et limites de la yoga thérapie
L’individu idéal pour la yoga thérapie est un être humain conscient de lui-même, désireux de surmonter et dépasser ses souffrances par des efforts personnels sans avoir à dépendre de personne ou de moyens extérieurs.
Cependant la plupart d’entre nous veut avant tout être traité par des traitements non allopathiques et c’est seulement à travers l’expérience qu’on décide de faire par soi-même.

Infections aiguë, malignité, causes accidentelles, brûlures, fractures, urgences ne peuvent être traitées par la yoga thérapie.
La Yoga thérapie est un type d’éducation, un programme de traitement qui a des limites comme tout système thérapeutique.
En bref, les troubles fonctionnels de nature psychosomatiques et les troubles du stress sont abordables par la yoga thérapie.

VI. Peut-on comprendre la yoga thérapie dans des termes adaptés à la culture occidentale
Oui, nous pouvons appeler cela psycho-physiothérapie PTT ou s’il n’y a pas d’objection psycho-spiritual-physio thérapie PSPT.


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A-ParterreJaune300